aparté est un projet qui est né de la volonté de créer un véritable dialogue
entre le milieu de la recherche et de la création. Notre ambition première
était de créer un lieu d’échanges et de réflexions sur les pratiques actuelles
en arts vivants en brisant le dualisme entre chercheurs et artistes. Il était
alors nécessaire de créer un espace critique, alternatif et inclusif pour traiter
de questions politiques liées à la scène actuelle. Tout autant, il semblait
important de traiter des enjeux esthétiques des pratiques contemporaines loin
des balises disciplinaires. La création et la définition du projet éditorial a
été un véritable défi que j’ai relevé avec Milena Buziak. Au terme d’un long
parcours, non sans embûches, nous sommes arrivées à un premier numéro « DÉBORDEMENTS : Pratiques en périphérie de la scène » (2011). Numéro qui a donné les couleurs à la revue en traitant des pratiques
expérimentales en périphérie de l’institution, tout en permettant de se faire
entendre de nouvelles voix. Je tiens à remercier les premiers collaborateurs
pour leur confiance à travers ce long processus qui fût inaugural.
Le second numéro, « ACTES SEXUÉS : Postures subversives du genre » (2013) sous la
direction de Philippe Dumaine a abordé la question du genre par le biais des
études féministes et du milieu queer.
Plus largement, cela a été l’occasion de questionner le corps sur les scènes et
dans les pratiques performatives. Enfin, notre dernier numéro, « DOUTES
ET INVENTIVITÉ : Récits de recherche-création pour une recherche indéterminée » (2014) sous la direction
de Jean-Paul Quéinnec (UQAC) nous a permis d’aborder de front la question de la
recherche en arts vivants. Avec ce dernier numéro nous avons adopté une
approche résolument interuniversitaire (avec la participation de la Chaire de recherche en dramaturgie sonore au théâtre) tout en poursuivant notre collaboration
avec le milieu culturel. La collaboration de chercheurs chevronnés aux côtés
d’étudiants, d’acteurs et d’artistes importants du champ culturel, aux côtés d’artistes
émergents, nous a permis au moins en cet espace de voir se réaliser cette
utopie d’un échange inclusif et réflexif. Les échanges publics (dans le cadre
du Offta et à l’UQAC) ont témoigné de la richesse de notre milieu, mais aussi
de la grande fragilité de la recherche artistique au Québec en arts vivants.
Avec la complicité de Roxanne Robillard à la
codirection de ce numéro, je peux dire que nous sommes très fières de clore
notre parcours au sein d’aparté avec
un numéro représentatif des ambitions premières de la revue. On le sait, il est
difficile aujourd’hui de rêver à des projets ambitieux dans le milieu culturel,
tout autant qu'il est difficile de les maintenir vivant sur le long terme, on en
vient à accepter la précarité comme étant un paramètre inéluctable à tout
projet culturel, qu’il soit éditorial ou scénique. Avec aparté nous avons réussi à trouver
nos propres moyens pour faire grandir le projet et nous quittons le projet en ayant le sentiment d'être allés jusqu'au bout de notre expérience. C'est pourquoi, aujourd’hui, nous passons ce
projet à une nouvelle cohorte dynamique qui saura s’approprier cet espace et
donner forme à leurs ambitions. Je souhaite une belle continuité à aparté et salue le travail éditorial mené
avec la générosité de mes collègues Milena Buziak, Philippe Dumaine et Roxanne
Robillard. Je salue aussi l’implication sur le plan organisationnel et
financier d’Audrey-Anne Cyr. Tout autant que le travail graphique réalisé par Edgar Nemere (no.1) et Julien Hébert (no.2 et no.3), qui ont donné forme à la revue en développant une signature graphique dont je suis très fière. Enfin, je salue la
confiance et l’audace des collaborateurs issus du milieu culturel et du champ
universitaire qui nous ont suivis à travers notre aventure.
Véronique Hudon